Le Père Janvier !
Dans mon enfance parisienne, je n'ai jamais entendu parler de Saint Nicolas, c'est bien plus tard que je découvris cette légende. On célébrait dans ma famille pour les fêtes de fin d'année le Père Noël et on me parlait du Père Janvier et du Père Fouettard. Mais qui est donc le Père Janvier !
Comme tous les enfants le savent, c'est le bon vieil ami le Père Noël qui a distribué les cadeaux le 25 décembre, mais dans les années 1930 encore, en Bourgogne et en particulier en Nivernais et Morvan, la tradition du Père Janvier était encore bien ancrée chez les anciens (le Père Janvier souvent accompagné du Père Fouettard a été l'ancêtre du Père Noël).
Pendant la période de transition certains enfants ont bénéficié des largesses des deux hommes mystérieux. Le Père Janvier avait les mêmes attributions que le Père Noël
Dans le livre, Folklore du Nivernais et du Morvan, Jean Drouillet raconte que « le 31 décembre au soir, les enfants mettaient leurs souliers ou sabots au pied de la cheminée », attendant la venue du Père Janvier qui avait les mêmes attributions que le Père Noël : distribuer des cadeaux en passant par la cheminée.
Le lendemain au réveil ils trouvaient alors des « soldats en sucre, chats, lapins, petits Jésus bleus ou blancs soit dans des collerettes de papier découpé soit dans des boites en carton », tout ce que l'étalage de l'épicière du bourg pouvait présenter, ainsi que l'a noté Jules Renard. Jean Drouillet précise que « le père, lorsqu'il mettait ses sabots à ceux des enfants, les trouvait garnis d'une pomme de terre, d'une carotte ou d'un oignon, ce qui déclenchait les rires ».
Puis commençait la tournée des v'ux. Les enfants, par petits groupes, se rendaient chez les parents et les voisins pour souhaiter « bonne année, bonne santé et le paradis à la fin de vos jours ». Toujours selon Jean Drouillet, « Rendant visite aux gens aisés, « gazous et gazilles » glanaient sous, dragées ou fruits, surtout les garçons s'ils étaient matinaux, puisque ce jour de l'An il fallait que le premier bonjour soit donné par une personne de sexe masculin pour porter bonheur ».
Naguère selon Antoine Desforges, aux environs de Luzy, fermiers métayers et ouvriers agricoles offraient un chapon à leur propriétaire où à leur patron. Ils étaient alors retenus à déjeuner et copieusement abreuvés.
Jean Drouillet rapporte que les voisins se souhaitaient la bonne année et payaient réciproquement la goutte… De bon matin les hommes avaient à Marzy fait boire les bêtes à cornes afin qu'elles bénéficient de la première eau (Même coutume dans les Vaux d'Yonne) : ils n'avaient pas manqué, vers Corbigny selon Achille Millien de fouetter la servante de la charrette pour faire venir du beau froment et avaient, à Fléty, trait eux-mêmes les vaches pour avoir du lait toute l'année.
« Si beaucoup, note Jean Drouillet, « bibaient » un 'uf cru, ce qui les gardait de toute maladie », les femmes du Bazois, selon Achille Millien, songeaient à la lessive qu'elles devaient faire les premiers jours de l'année « pour avoir des poulets de bonne heure ».
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